Bilan et perspectives pour un deuxième mandat à la tête de l’INSA Strasbourg

Romuald Boné est nommé directeur de l'INSA Strasbourg pour un second mandat de 5 ans, à compter du 1er mars 2024. Le premier mandat lui offre une lecture éprouvée par l'expérience pour construire un projet d'établissement où stratégie organisationnelle, international, développement durable et responsabilité sociétale, formation d'ingénieurs humanistes et responsables, partenariats viseront à consolider les fondamentaux et la qualité de l'établissement, saluée par le HCERES1. Il expose son projet pour l'école.

Par Annika Niel le 01 mars 2024

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Propos recueillis par Stéphanie Robert

Votre premier mandat vous a donné l’expérience de l’établissement, quel bilan en faites-vous ?

Ces 5 années ont été riches. Notre établissement est en transitions, il vit les siennes et celle des parties prenantes. Par exemple, nous avons intégré les enjeux climat énergie dans le socle commun de nos formations, dans le cadre du projet ClimatSup Groupe INSA en s’associant au think tank The Shift Project. C’est un enjeu important que nous poursuivons dans les formations métiers.

En matière de formation, nous avons créé un observatoire des métiers, pour bénéficier du retour des entreprises, et développer notre service d’innovation pédagogique. Nous avons poursuivi le déploiement de nos filières en apprentissage, et généralisé les contrats de professionnalisation en 5e année. Nous sommes membres de CaMéX-IA, l’un des 9 Campus des métiers et des qualifications d’excellence du Grand Est labellisés par le ministère, dédié à l’intelligence artificielle, et du Campus des Métiers et des Qualifications écoconstruction et efficacité énergétique. Nous avons aussi mis en place l’approche compétences, démarche saluée par nos évaluateurs, la Commission des titres d’ingénieur (CTI) et le HCERES.

Concernant la recherche, nous l’avons structurée en cinq enjeux sociétaux, en cohérence avec le Groupe INSA. Nous avons décroché le label européen HRS4R2, mûri notre réflexion concernant les sciences ouvertes, nous avons approfondi nos relations avec la Société d’accélération du transfert de technologies (SATT) Connectus.

Notre école et notre groupe portent des valeurs d’ouverture, d’humanisme et de responsabilité. Concrètement, nous avons, entre autres actions, mis en place des dispositifs sur les risques psychosociaux, les Violences sexistes, sexuelles et homophobes (VSSH), recruté une psychologue conseil pour accompagner nos apprenants, construit un partenariat avec Emmaüs Mundo, investi dans l’accompagnement social des étudiants, créé notre Centre Gaston Berger qui œuvre en faveur des diversités, de l’ouverture sociale, de la réussite et du bien-être des apprenants. Nous avons lancé la Fondation INSA Strasbourg, qui a collecté 1,2 millions d’euros en 4 ans qui permettent de soutenir notamment ces projets.

A l’international, nous avons rejoint le Consortium européen des universités innovantes ECIU et nous travaillons nos accords internationaux.

Quels enseignements en tirez-vous pour construire votre nouveau projet d’établissement ?

Le fonctionnement de l’école repose sur la forte implication de mes collègues, qui y sont très attachés. A un moment de son histoire, l’effectif étudiant s’est accru de 50 % en 12 ans, sans un accroissement des moyens en conséquence. Il a fallu compenser par l’agilité, la recherche de solutions innovantes, le développement de ressources propres.

C’est pourquoi, nous n’irons pas à la course aux effectifs, nous ne développerons pas de nouvelles formations sans financements afférents, par exemple dans le cadre d’appels à projets. Au contraire, nous allons conforter nos acquis, consolider notre école, nos moyens. Nous avons besoin de repenser notre organisation et redéfinir notre stratégie organisationnelle. Un faisceau d’éléments convergents nous y conduit, notamment les rapports de nos évaluateurs. Le moment est opportun.

Quels sont les grands chantiers et axes stratégiques que vous allez déployer ?

A l’international, je vous disais que nous travaillons nos accords avec nos partenaires académiques, car nous envoyons plus d’étudiants à l’étranger que nous n’en accueillons. Pour aller dans le sens d’un rééquilibrage de ces échanges, nous allons proposer un semestre en anglais dans chacune de nos spécialités. C’est un souhait de nos partenaires, et pour nous, cette « internationalisation at home » une force, une richesse, une ouverture. Nous plaçons évidemment cette démarche dans le cadre d’ECIU.

Nous sommes un acteur de l’axe franco-allemand, avec notre filière DeutschINSA, notre implication dans l’alliance TriRhénaTech. Comment approfondir cet axe alors que le contexte national et régional voit se réduire le nombre de lycéens germanophiles ?

Sur le plan pédagogique, nous poursuivons la transformation de nos programmes pour former des ingénieurs humanistes et responsables dans tous les sens du terme : responsables lorsqu’ils encadreront une équipe issue de la diversité, et conscients de l’impact écologique et social de leurs choix techniques. Le développement durable et la responsabilité sociale représentent un enjeu primordial et nous poursuivons nos efforts pour l’intégrer dans nos formations métier : bilan carbone, analyse du cycle de vie, matériaux biosourcés, réemploi, etc. Les apprenants sont de plus en plus concernés et demandeurs.

Nous continuons de cultiver nos points forts : nos relations partenariales avec les entreprises, futurs employeurs de nos apprenants, mécènes et récepteurs du transfert de nos technologies ; notre ancrage dans le territoire et nos collaborations avec les collectivités, les pôles de compétitivité, les ordres des architectes et des géomètres-experts ; notre appartenance au Groupe INSA et nos actions communes ; notre collaboration avec l’Université de Strasbourg et les autres partenaires dans le cadre de la politique de site et d’Alsace Tech, l’association des grandes écoles d’Alsace.

 

Une interview dédiée à la communauté de l’INSA Strasbourg sera diffusée dans la prochaine lettre d’information envoyée aux membres du personnel et apprenants.


1 Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur
2 Stratégie européenne de ressources humaines pour les chercheurs

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