Les élèves ingénieurs ont imaginé des solutions pour deux industriels, Soprema et Alstom Transport. Elles ont remporté un vif succès auprès des deux entreprises partenaires, sur les thèmes de « le vélo sur les rails » et « l’outil de chantier du XXIe siècle ».
Comment améliorer le transport des vélos dans les trains et leur cohabitation avec les passagers ? Comment imaginer un nouvel outil de chantier plus ergonomique, économe en énergie et sûr ? Ce sont les deux sujets proposés par Alstom Transport et Soprema, partenaires de ce concours.
Le concours implique uniquement les élèves ingénieurs qui ont choisi ce module électif en 4e année, soit 26 étudiants, toutes spécialités confondues, répartis en 11 groupes[1]. De février à mai 2015, ils ont étudié les deux problèmes, encadrés par Denis Cavallucci, enseignant-chercheur à l’INSA de Strasbourg. Les prix ont été remis le jeudi 11 juin. Le jury, réunissant industriels et enseignants, a retenu les propositions les plus inventives et réalisables.
Transport de vélos ergonomique et outil semi-automatique
Les lauréats ont imaginé une voiture ferroviaire dont l’accès et le rangement des vélos allient simplicité, ergonomie et optimisation de l’espace intérieur. Le système de maintien des vélos est volontairement simple, sans mécanisme, et utilise entre autres des brosses pour leur maintien. Les étudiants se sont basés sur la méthode de conception inventive, issue de TRIZ, et sur le logiciel STEPS, développé par le LGéCo, laboratoire de conception inventive. « Le logiciel nous a aidés à bien poser le problème, à identifier toutes les contradictions et à définir des pistes auxquelles nous n’avions pas pensé » précisent-ils.
Le deuxième prix revient au projet d’outil de chantier en partie automatisé, pour simplifier les tâches de l’opérateur. Les deux troisièmes prix ex-aequo concernent l’ajout d’un système mécanique pour accrocher les vélos, et un concept assez étonnant d’aménagement des rames, dans lequel les deux-roues s’encastrent dans les sièges. Une idée jugée très inventive, mais sans doute pas réalisable à court terme.
« Richesse » et « diversité » des solutions
Bilan très positif, autant pour les entreprises que pour les étudiants. « Nous avons recueilli ce que nous cherchions : des concepts nouveaux, certains en rupture avec ce qui existe. La richesse réside dans l’intérêt des solutions lauréates et dans leur diversité. Même les idées plus conceptuelles sont bonnes à prendre. Elles feront peut-être leur chemin dans dix ans » commente Dominique Le Corre, responsable de la sécurité passive chez Alstom. « C’est très intéressant de voir les propositions qui ressortent de ce concours, de bénéficier d’un regard neuf. Je pense que nos experts ont parfois un peu de mal à sortir de leurs habitudes de travail, du carcan et des normes en vigueur » ajoute Michel Pons, directeur de l’ingénierie chez Alstom.
« Extrêmement bénéfique »
Rémi Perrin, directeur R&D chez Soprema, souligne que l’entreprise travaille sur ce thème avec l’INSA de Strasbourg depuis septembre : d’abord sous la forme d’un projet de recherche technologique, retenu et primé dans le cadre d’Oara, puis d’un projet de fin d’études et enfin ce concours. « Je suis extrêmement satisfait. Nous avons fait un bond énorme dans les connaissances, le prototypage et les potentielles innovations pour le futur. Bravo à l’INSA pour toute son offre de collaborations avec les entreprises. Grâce à la logique de concours, nous avons pu voir les élèves enthousiastes et dynamiques qui voulaient se battre et gagner le challenge, et ceux qui se situaient davantage dans une démarche scolaire. Nous sommes très heureux des résultats, car nous avons des propositions très originales, des concepts que nous n’aurions pas imaginés, et ce, pour un coût modique. Certains vont être développés. Des idées vont nous faire réfléchir, et nous amener certainement à proposer d’autres thématiques à l’INSA ».
Confiance en soi et regard des professionnels
Les étudiants ont apprécié de travailler avec d’autres spécialités que la leur, et de bénéficier du retour des entreprises. « Nous sommes ravis d’avoir travaillé sur ce projet industriel très concret et d’être jugés par des professionnels. C’est très motivant » dit l’un d’entre eux. Ils semblent convaincus par la méthodologie : « Elle permet de formaliser les hypothèses, c’est clair et structuré », « Mon binôme et moi sommes tous les deux inventeurs, il y avait une bonne émulation entre nous, les idées ont fusé. Ce concours nous a donné confiance dans l’acte de créer, dans la possibilité d’inventer sérieusement, pour une entreprise. Je trouve cette méthodologie vraiment sympa pour arriver à un concept développable, j’ai envie de la réutiliser plus tard ». Au-delà de ça, le plaisir qu’ils ont eu à inventer est palpable : « Imaginer, créer, procure une certaine fierté, c’est valorisant ».
Lauréats :
Premier prix (500 €) : Etienne Chaloin et Loïc Parnin (plasturgie 4e année)
Deuxième prix (300 €) : Fabien Dumay et Giulio Gerardi (génie climatique et énergétique 4e année)
Troisième prix ex aequo (200 €) : Antoine Estner et Grégory Richard (génie climatique et énergétique 4e année) – Ferdinand Giboin (génie civil 4e année) et Joris Mathonnet (génie mécanique 4e année)
Stéphanie Robert
[1] Ce concours nouveau format fait suite aux 4 éditions du concours organisé par l’INSA Strasbourg, la Faculté des sciences économiques et de gestion et la Chaire de management de la créativité de l’Université de Strasbourg. Les élèves de 4èmes année de l’INSA de Strasbourg s’impliquent dorénavant dans un concours INSA conception inventive et innovation au second semestre.