Benoit Simon est en deuxième année à l’INSA Strasbourg. Il partage son expérience d’un trek réalisé lors de l’été 2017.
Je m’appelle Benoit SIMON. J’ai 19 ans. Je suis étudiant à l’INSA Strasbourg et j’habite à Träenheim, un village d’ Alsace. Je souhaite partager à la communauté INSA et à mon principal sponsor, Demathieu et Bard, l’expérience de mon trek d’un mois en Californie, effectué en juillet 2017 avec des amis. Cette aventure m’a permis d’expérimenter des situations tout à fait en phase avec à la formation d’un ingénieur ouvert au monde.
J’ai toujours été passionné par le sport de nature, je randonne depuis tout petit dans les Alpes et les Dolomites. Mes parents m’en ont donné le goût, mon professeur de sport au lycée, André, m’a permis de le confirmer.
Depuis mon entrée à l’INSA Strasbourg, j’ai été particulièrement sensible à ses valeurs : l’ouverture au monde et l’ouverture aux autres. Il était pertinent pour moi de concilier ma passion à ces valeurs. Cela s’est traduit par un grand projet, un voyage sur le John Muir Trail (JMT), trek mythique traversant la chaîne de montagne High Sierra Nevada en Californie. Ce trek débute dans la vallée de Yosemite puis parcourt 340 kilomètres à travers de magnifiques canyons, rivières, forêts, cols et sommets avant de rejoindre le plus haut point des États-Unis (hors Alaska), le Mount Whitney, situé à 4 418 mètres d’altitude. Voilà le défi que je me suis lancé avec mes amis.
Le projet a débuté en automne 2016 et s’est étalé sur toute l’année lors de différentes réunions chez l’un et chez l’autre pour préparer le voyage. J’ai passé beaucoup de temps à chercher des sponsors tels que des entreprises, des producteurs locaux ou encore des marques de sport. J’ai parcouru les villages alentours afin de vendre des tombolas. Tout ce travail de préparation m’a été très utile pour affiner mon sens de l’organisation, qualité très importante pour un futur ingénieur INSA.
Nous sommes partis de Strasbourg le 29 juin 2017. Et c’est après avoir failli rater l’avion pour San Francisco (dû au retard de la correspondance) et après avoir visité deux jours San Francisco que nous avons pris la direction de Yosemite Valley en voiture puis en bus. Nous avons été émerveillés par la grandeur et la beauté de ces paysages. Avec le Wilderness Permit, nous avons été autorisé à camper en pleine nature à proximité du John Muir Trail.
Mardi 4 juillet : c’est le jour-J enfin. C’est en forme, souriant et incapable d’imaginer ce qui allait nous attendre que nous avons réellement débuté le JMT. Avec nos sacs de plus de 20 kgs, nous nous sommes rendus au camp de base où tous les randonneurs passent leur première nuit. Nous avons profité de notre après-midi pour monter à Clouds Rest, sommet situé à 3 029 mètres d’altitude, surplombant la vallée de Yosemite et offrant l’une des plus belles vues sur le célèbre Half Dome (2 694m).
Nous savions à l’avance que l’étape du lendemain allait être difficile mais elle le fût au-delà de nos prévisions. Plus de neige que prévu, grosse surprise qui nous a fait nous perdre plusieurs fois. Nous avons marché durant plus de 10h30 ce jour-là dont plus de six heures à la boussole en traversant des forêts et des plateaux enneigés hors des chemins, en pleine nature. La progression y était très difficile. Nous avons dû nous arrêter à la tombée de la nuit.
Le troisième jour alors que nous allions aborder notre premier grand col Donohue Pass à 3 373m, notre ami Florian a glissé : il s’est luxé le genou lors du franchissement d’un torrent dans le Lyell Canyon. Effondrés par ce coup du sort, nous sommes retournés sur nos pas en direction de Tuolumne Meadows où une ambulance l’a emmené à l’hôpital de Mammoth Lakes, grande station de ski californienne. Cette journée fut mentalement très éprouvante. Quel soulagement lorsque Florian est sorti de l’hôpital avec un diagnostic rassurant. Le lendemain, après de longues discussions, nous avons décidé de renoncer au JMT, car persévérer dans le projet initial nous aurait poussé dans un défi physique et mental : passer des journées de 11 heures de marche, parcourir des champs de neige, sans rien voir de la beauté exceptionnelle qui fait la réputation de cette randonnée. Nous étions venus dans cette intention, mais les chutes de neige jamais vues depuis 35 ans ainsi que les torrents à leur plus haut niveau nous ont empêchés de marcher dans de bonnes conditions. Cette décision fût très dure à accepter, mais elle a reçu l’assentiment sans réserve du groupe. Il fallait repenser notre randonnée, et récupérer les paquets de ravitaillement que nous avions fait déposer à différents points de notre parcours. Des excursions de quelques jours, jusqu’à la fin de notre voyage nous permirent de les récupérer, et allaient aussi nous offrir deux randonnées inoubliables : le Mount Whitney et le Half Dome.
L’ascension du Whitney s’est faite en deux jours : le premier jour nous a permis d’atteindre le Trail Camp, petit endroit plat situé à 3 660 mètres d’altitude. Nous avons allégé nos sacs et préparé nos affaires la veille au soir. Le réveil a sonné à 1h20 du matin et nous sommes partis à 2h07 en direction du sommet. Ce fut l’une des ascensions les plus techniques qu’il m’ait été donné de réaliser. Nous étions très concentrés, d’autant plus que la progression se faisait de nuit, dans la neige, les éboulis et à haute altitude. C’est à 5h43 que nous sommes arrivés au sommet du plus haut point des USA, quatre minutes avant le lever du soleil. S’en est suivi 1h45 de contemplation. Moment hors du temps.
De retour dans Yosemite Valley et après avoir récupéré de la nourriture et un nouveau Wilderness Permit, nous avons laissé Florian pour rejoindre Glacier Point, sans doute le plus beau point de vue sur le Half Dome de toute la vallée. Cette ascension fut l’une des plus éprouvantes du voyage. Mille mètres de dénivelé positif sur 7,4 kilomètres seulement et avec un sac dépassant les 18 kgs.
Deux jours plus tard, il était question du Half Dome. Réveil à 2h40 et départ à 3h30 avec quatre américains que nous avons appris à connaître la veille au camp. La particularité du Half Dome est que l’ascension finale est tellement raide (jusqu’à 30°soit 60%) qu’il faut se hisser le long de câbles sur plus de 200 mètres. La montée dans les câbles fut très physique, surtout dans les bras. Une fois au sommet, le spectacle fut grandiose, nous nous sommes préparé un petit café avant le lever du soleil et nous l’avons attendu. Magnifique. Nous sommes restés plus de deux heures au sommet avec nos amis américains.
Et c’est trois jours plus tard que nous avons fini de randonner. Nous avons fait le bilan de notre voyage avant de rentrer à San Francisco où nous avons continué de visiter la ville et assisté au match des Giants, l’équipe de baseball de San Francisco. Le retour s’est bien déroulé et c’est après 23h, le mercredi 26 juillet, que nous avons retrouvé avec plaisir nos proches qui nous attendaient sur le quai de la gare de Strasbourg.
Les deux mots qui décriraient le mieux notre voyage seraient rencontre et adaptabilité. Rencontres avec les autres, avec la nature et avec soi-même. Adaptabilité aux revers de fortune que nous avons finalement réussi à maîtriser grâce à notre esprit d’équipe, à la fraîcheur du groupe et à l’expérience d’André.
Je tiens à remercier toutes celles et ceux qui m’ont soutenu de près ou de loin dans mon projet, les voisins m’ayant supporté lors de mes ventes de tombolas, ma famille et mes amis ainsi que mes différents sponsors : l’entreprise de travaux publics Demathieu & Bard qui fut mon sponsor principal ainsi que la marque de sport suédoise Uswe, le Cabinet de Reflex Therapy MonPied MaSanté à Wolxheim, le domaine viticole Frédéric Mochel à Träenheim, les opticiens Maurice Frères à Dorlisheim et le magasin de montagne en ligne Chullanka.
Ce voyage m’a permis de nettement améliorer ma pratique de l’anglais. J’ai pu m’entretenir avec plusieurs locaux qui m’ont ouvert les yeux sur le métier d’ingénieur aux États-Unis et au système d’éducation américain. Je suis à présent intéressé d’y effectuer un stage dans les années à venir. Ce voyage m’a également donné une idée des avantages et inconvénients de la pluri ou interculturalité au travail.
La vidéo du voyage est disponible sur notre chaîne Youtube Ourlifeofficial.
Benoit SIMON
Étudiant en 2e année de plasturgie à l’INSA Strasbourg
Crédit photos : Benoit Simon