Rédigé par Stéphanie Robert
« J’ai appris, pendant la préparation au concours, de la part de la comédienne et de l’avocate qui nous ont accompagnés, qu’il y a deux manières de convaincre un auditoire : présenter des arguments concrets, logiques – le logos – , ou des arguments de sentiments, faisant appel aux émotions – le pathos. Le deuxième est plus marquant » explique Samia Rebii. Lors de la finale du concours, elle a choisi de faire appel au pathos pour commencer sa prestation et capter l’attention : dans une scénette inattendue, elle incarne Thomas Edison et le père de sa bien-aimée qui lui refuse sa main. Elle illustre ainsi son propos qu’on peut être brillant et réussir sans diplôme ni travail, mais avec passion. Elle devait défendre l’affirmative à la question « Se définir par son travail est-il devenu hasbeen ? ». Samia Rebii, s’y montre convaincante, sûre d’elle, passionnée, poignante, avec des arguments de cœur et de raison, originaux, et un brin d’humour.
« Laisser aérer le cerveau »
Au début, elle pensait que l’éloquence était réservée aux étudiants en droit, mais elle se ravise. « Je suis tombée sous le charme du concours. Nous n’avons pas à plaider mais en architecture, nous avons à présenter, défendre nos projets. Je voulais aussi montrer qu’un ingénieur n’est pas qu’un calculateur isolé, mais quelqu’un qui confronte ses idées, se montre, se valorise » dit-elle.
Le sujet lui avait été attribué par tirage au sort un mois auparavant. « J’ai lu le sujet et je me suis laissée imprégnée, je l’ai laissé infuser en moi. Il me venait des idées dans le tram ou quand je faisais la vaisselle. C’est ainsi que je me suis souvenue de cette anecdote sur Thomas Edison, qu’une enseignante nous avait racontée au collège » raconte-t-elle. Et visiblement, sa méthode lui réussit ! C’est un des enseignements du concours : elle a trouvé sa méthode de travail, fertile. « Il faut laisser aérer le cerveau et parler avec tout son être » dit-elle joliment.
Animatrice de débats
Pour être éloquent, il faut, selon elle, « savoir pourquoi on est là, montrer qu’on est sûr de soi, même si on ne l’est pas, par sa présence. Je me suis entraînée, pas seulement pour retenir mon argumentaire, mais aussi pour travailler ma voix, mes tonalités, mon regard ».
Avec quelques mois de recul, elle mesure mieux ce que lui a apporté le concours : « Je fais plus attention à ma manière de m’exprimer, je me suis approprié les différentes manières de convaincre et je m’en sers quand je dois débattre. Je décode aussi maintenant les discours d’autrui » dit-elle.
Ce concours lui vaut aujourd’hui d’être repérée : la grande Mosquée de Strasbourg lui a proposé d’animer un débat pour un événement important rassemblant 2 500 personnes et 40 invités de marque, dont le président de la Commission européenne.
Artiste auto-entrepreneure
Bordelaise d’origine, Samia Rebii a choisi l’INSA Strasbourg pour son double diplôme architecte ingénieur. « Je voulais développer mon côté artistique, sans abandonner le côté scientifique que j’avais approfondi en classe préparatoire. L’INSA Strasbourg me permettait d’allier les deux. Que j’exerce l’un ou l’autre métier, j’aurai toujours besoin de l’autre compétence pour exceller » estime-t-elle.
Elle aime cultiver sa fibre artistique et sa double culture, française et marocaine. Elle est photographe et calligraphe auto-entrepreneure, inspirée par l’art et la culture arabo-musulmans qu’elle trouve très riches. Pour reprendre des propos de sa prestation : « Vous avez créé un monde merveilleux qu’est votre personnalité. Vous n’êtes pas des outils définis par votre utilité et votre fonction, vous êtes inestimable et irremplaçable ».
Revoir la finale, Samia Rebii entre en scène à 33mn50.
Pour en savoir plus sur le concours Le jeudi de l’éloquence.