Le premier bilan carbone de l’INSA Strasbourg réalisé par des étudiants engagés

Outil de diagnostic stratégique, le bilan carbone évalue les émissions de gaz à effet de serre par une entité sur une année. Des étudiants de Greensa, le club engagé dans l'écologie de l’INSA Strasbourg, ont pris l’initiative d’une première mouture de bilan carbone dans le périmètre de l’école. Ils nous racontent leur méthode, leurs partis pris et communiquent les premiers enseignements.

Par Véronique Zeller le 12 janvier 2023

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Greensa est le club étudiant de l’INSA Strasbourg engagé pour la transition écologique, formé en 2019. Très tôt, l’idée du bilan carbone a germé dans leur esprit, car certains étaient membres de l’association Avenir climatique. « L’association invite à réaliser le bilan carbone des campus, universités ou écoles. Nous avons suivi leur formation gratuite en 2020 sur les principes et enjeux du bilan carbone. Le bilan carbone est important pour connaître l’état des émissions de gaz à effet de serre de l’école, définir une stratégie de réduction, puis suivre les améliorations et leurs impacts. Nous avons des retours très positifs » racontait Léa Watremez, responsable du club en 2020. « Symboliquement, le message est fort : c’est la jeunesse qui prend ce problème à bras-le-corps » souligne Louis Bakewell, son successeur.

Enquête, collecte des données, sondage, calculs…

La formation a permis aux étudiants d’identifier les principaux postes d’émission et les points forts de l’école. Ils ont suivi la méthode développée par l’association pour la transition bas carbone, qui s’appuie sur les données de la base carbone de l’Ademe, Agence de la transition écologique. Les données collectées sont celles de l’année 2019.

 « Nous avons contacté et interrogé 24 services, plateformes et associations pour collecter plus de 250 données que nous avons traitées pour les convertir en tonnes d’équivalent CO2 émis. Nous avons également réalisé un sondage sur les déplacements des étudiants et personnel pour évaluer leur impact. Nous avons eu plus de 600 réponses, ce qui rendait le sondage significatif » raconte Robin Maury, en troisième année de génie mécanique. 

Les déplacements, premier poste d’émissions

Malgré leur bonne volonté et ténacité, l’équipe n’a pas pu recueillir toutes les données espérées, ce qui rend les résultats sous-estimés, notamment pour les consommables et matériaux. Autre précision : le parti pris de cette première édition a été d’intégrer des postes qui stricto-sensu sont hors périmètre du bilan carbone classique d’une entité, comme les transports des étudiants en déplacement pour rejoindre leur famille pour un week-end ou des vacances. Cette extension avait pour objectif de sensibiliser les apprenants à leur impact environnemental.

Cette précision faite, ce premier bilan carbone livre quelques indications, notamment l’impact important des déplacements. Ils constituent le premier poste d’émissions avec 3166 tCO2e (tonne équivalent CO2). Viennent ensuite les émissions liées aux immobilisations (bâtiments, parc informatique) avec 2433 tCO2e, et les sources fixes, c’est-à-dire les consommations d’énergie, avec 486 tCO2e.

Greensa

 « Les déplacements quotidiens ont peu d’impact car ils se font majoritairement à vélo ou à pied, mais il s’agit surtout des déplacements des étudiants pour se rendre sur le lieu de stage, d’alternance ou regagner sa région d’origine, et de la mobilité internationale » développe Louis Bakewell. « Mais il est possible d’agir, par exemple, en privilégiant le train pour ceux qui restent en Europe. J’ai pris le bus pour mon échange Erasmus en Slovénie et j’ai adoré, le trajet faisait partie du voyage. Les vols long courrier représentent 2% des déplacements mais 35% des émissions ! »

« L’INSA va dans le bon sens » … mais il reste beaucoup à faire

Les émissions liées aux immobilisations sont celles qui ont eu lieu pour la construction des bâtiments et la fabrication des biens immobilisés comme le parc informatique. « Il y a peu de marge de manœuvre pour les bâtiments déjà construits en béton et acier, mais notons que le nouveau bâtiment des architectes a une structure en bois, c’est un bon point. Et les autres sont en rénovation pour améliorer l’isolation et le chauffage, c’est notable. L’INSA Strasbourg va dans le bon sens, ça fait plaisir ! » souligne l’étudiant. Il ajoute : « De même pour les sources fixes : en matière de chauffage, la pompe à chaleur géothermique fonctionne la plupart du temps, le gaz vient en relais, et la régulation va être améliorée ».

Les étudiants ont rédigé un rapport de 17 pages qui a été présenté à la direction de l’INSA Strasbourg. Ce premier travail est riche d’enseignement et sert déjà de base à l’édition 2023 du travail.  Au final, ils ont calculé que chaque usager de l’établissement dans le cadre de ses activités à l’INSA, émettait 2,7 tCO2e par personne et par an, mais cela pourrait être le double, si toutes les données avaient été collectées.

À l’heure actuelle, la trajectoire de baisse des émissions de CO2e au niveau national ne permet pas de satisfaire les accords de Paris. Elle n’est que de 0,6% pour le premier semestre 2022 alors qu’elle devrait être de 4,7% pour satisfaire les objectifs 2030 (-40% d’émissions CO2e par rapport à 1990). L’effort pour y arriver concerne tous les secteurs, y compris l’enseignement supérieur et la recherche.

Les étudiants donnent quelques pistes pour réduire les émissions de l’INSA Strasbourg. Ça donne matière à réflexion. « Malgré les difficultés, l’équipe est allée jusqu’au bout, c’était un gros travail, ils ont initié le mouvement, c’est formidable de leur part » estime Louis Bakewell. Robin Maury, toujours très motivé, commence à préparer le prochain qui s’établira sur l’année 2023.  Des contacts seront pris avec les responsables de services et de plateformes de l’INSA pour amorcer ce nouveau travail. Une journée de formation au bilan carbone est proposée en mars 2023 aux étudiants et au personnel.

Le bilan carbone 2019 de l’INSA Strasbourg a été réalisé par Angélique Audbert, Emma Barety, Juliette Clavaud, Adèle Guerri, Robin Maury, Rosalie Sondag, Elise Teissandier et Léa Watremez

 

Pour suivre Greensa : https://www.instagram.com/greensa.stras/
A relire : Greensa Strasbourg : le club étudiant qui participe à verdir l’école

Retour sur la formation bilan carbone organisée par Greensa

Bilan carbone de l’INSA Strasbourg : lancement de la récolte d’informations et recherche de volontaires pour la relève

 

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